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du mémoire



Termes
traités dans ce mémoire

La grammaire de Grevisse : les bases
Français,italien

Letizia Volpini

Maitrise LEA - 2004 / 2005 - Paris III
Responsable : Loïc Depecker


Sommaire

Remerciements
Introduction
Termes traités dans ce mémoire

Bibliographie


Remerciements


Je désire ici remercier d'abord le professeur qui m'a appris comment faire un glossaire en respectant les règles d'une terminologie très rigoureuse et comment créer un système de concepts à partir d'un ensemble de mots : Monsieur LoïcDepecker.
Je voudrais dire un grand merci aussi à tous les étudiants de cette année de maîtrise avec qui j'ai souvent collaboré, discuté, et avec qui j'ai partagé doutes, angoisses, découvertes et solutions.

Enfin, je désire tout spécialement remercier la personne à qui je dois non seulement la plupart de mes connaissances en grammaire, mais avant tout ma passion pour ce genre d'étude : Madame Joëlle Hausser, qui a aussi gentiment accepté d'être le valideur de ce mémoire. Inépuisable lorsqu'il s'agissait d'expliquer pour la énième fois les règles les plus complexes, elle en parlait comme si c'était le texte d'une jolie chanson et faisait de ses cours de grammaire un moment de plaisir. J'aimerais, un jour, devenir une enseignante avec la moitié de ses qualités.


INTRODUCTION

INTRODUCTION GÉNÉRALE 

La grammaire peut être définie de différentes façons. Dans la Nouvelle grammaire française, les auteurs, Maurice Grevisse et André Goosse, la définissent de trois façons différentes : elle est « l'étude systématique des éléments constitutifs et du fonctionnement du langage » ; elle désigne « plus spécialement la morphologie et la syntaxe » ; elle est « l'ensemble des règles permettant de parler et d'écrire correctement (on dit aussi : grammaire normative) ». Un travail de terminologie comme celui-ci ne peut accepter des définitions concurrentes ; c'est pourquoi j'ai choisi la première, qui était présentée comme la principale. Mais il m'a parfois été difficile d'échapper à cette ambiguïté, qui est, peut-être, intrinsèque à la grammaire elle-même : la grammaire et la syntaxe peuvent être présentées comme deux études complémentaires ou bien comme étant l'une une étude plus générale (la grammaire) et l'autre une étude plus spécifique (la syntaxe). Ainsi, certains termes vont se présentent clairement comme propres à la grammaire mais aussi, plus précisément, à la syntaxe ; d'autres, comme appartenant au sous-domaine de la grammaire qu'est la morphologie. Mais tous les termes de la grammaire ne peuvent pas clairement être attribués à la syntaxe ou à la morphologie. Dans ces cas, j'ai préféré ne pas spécifier de sous-domaine, et laisser simplement la détermination du domaine général : ce n'est pas à moi de deviner ce qui n'est pas clair.
Ce mémoire traite 83 unités terminologiques qui appartiennent à la grammaire, telle qu'elle est présentée dans la formulation de Maurice Grevisse, ou qui y sont étroitement : il s'agit de deux termes qui, bien que n'appartenant pas à ce domaine, y sont souvent employés, et ce tant dans les grammaires italiennes que j'ai consultées que dans celle française de Grevisse.
Ces unités terminologiques ne représentent qu'une partie de tout le vocabulaire de la grammaire. J'ai essayé de proposer une image complète et systématique de la grammaire française telle qu'elle est proposée par Grevisse et Goosse, mais couvrir tout ce domaine dans les détails aurait demandé un travail beaucoup plus vaste.
Ce sont des termes que nous avons vus souvent, mais que nous n'avons pas toujours compris. Ou bien, ce sont des termes que nous avons plus ou moins compris, ou au moins correctement employés, mais que nous n'aurions jamais osé définir.

ARBORESCENCES

1. communication
1.1. phrase
1.1.1. mot
1.1.1.1. mot simple
1.1.1.2. mot composé

1. étude
1.1. grammaire
1.2. syntaxe
1.3. morphologie

1. grammaire
1.1. syntaxe
1.2. morphologie

1. phrase
1.1. phrase simple
1.2. phrase complexe
1.3. phrase ni simple ni complexe
1.4. sous-phrase
1.5. phrase verble
1.6. phrase non verbale

1. proposition
1.1. proposition relative
1.2. proposition conjonctive
1.2.1. proposition conjonctive essentielle
1.2.2. proposition corrélative
1.2.3. proposition conjonctive adverbiale

1. phénomène
1.1. pléonasme
1.2. ellipse
1.3. aspect du verbe
1.4. mise en relief
1.5. anacoluthe
1.6. inversion
1.7. redondance
1.8. accord
1.8.1. accord de l'adjectif
1.8.2. accord du déterminant
1.8.3. accord du verbe
1.8.4. accord du participe

1. catégorie de mot
1.1. partie du discours
1.1.1. verbe
1.1.2. nom
1.1.3. adjectif
1.1.4. déterminant
1.1.5. pronom
1.1.6. préposition
1.1.7. adverbe
1.1.8. conjonction de subordination
1.1.9. conjonction de coordination
1.1.10. introducteur
1.1.11. mot-phrase
1.2. mot grammatical
1.2.1. mot-outil
1.2.1.1. préposition
1.2.1.2. conjonction
1.2.1.3. introducteur
1.2.2. déterminant
1.2.3. pronom

1. relation
1.1. prédication
1.2. subordination
1.3. coordination

1. fonction
1.1. prédicat
1.2. sujet
1.2.1. sujet de verbe personnel
1.2.2. sujet de verbe impersonnel
1.2.2.1. sujet apparent
1.2.2.2. sujet réel

1. système de variation des formes du verbe
1.1. temps du verbe
1.2. mode du verbe
1.2.1. mode personnel
1.2.2. mode impersonnel

1. façon de rapporter des paroles (ou les pensées ou un texte écrit) de quelqu'un
1.1. style direct
1.2. style indirect
1.3. style indirect libre

1. déterminant
1.1. déterminant numéral
1.2. déterminant possessif
1.3. déterminant démonstratif
1.4. déterminant relatif
1.5. déterminant interrogatif
1.6. déterminant exclamatif
1.7. déterminant indéfini

1. pronom
1.1. pronom personnel
1.2. pronom numéral
1.3. pronom possessif
1.4. pronom démonstratif
1.5. pronom relatif
1.6. pronom interrogatif
1.7. pronom indéfini


INTRODUCTION MÉTHODOLOGIQUE 

La problématique de départ
et les raisons qui expliquent mon corpus
Tout le monde sait ce qu'est la grammaire. Certains la haïssent, beaucoup la supportent en l'étudiant à l'école ; rares sont ceux qui l'aiment et encore plus rares ceux qui la connaissent à fond et la cultivent. Je ne fais pas partie de ces derniers, mais je dois dire que je l'aime et qu'elle ne m'est plus du tout hostile depuis que j'ai découvert que c'était le meilleur moyen, pour moi qui suis italienne, de m'emparer du français. J'ai suivi, pendant longtemps, des cours de grammaire et d'orthographe conçus non pas pour les étrangers, mais pour les Français qui désirent bien maîtriser leur langue. Ce n'était plus la grammaire qui m'avait été enseignée à l'école : j'étais plus mûre, l'enseignante était très compétente et la matière me paraissait, enfin, utile. J'ai regretté alors de ne pas avoir, en italien, les mêmes connaissances que je commençais à avoir en français. J'ai alors essayé de me procurer quelques livres de grammaire italienne pour me documenter ; ces connaissances en grammaire italienne allaient se rendre d'autant plus nécessaires que, depuis quelques années, je cherche à enseigner la langue italienne.
En plus de ce désir d'approfondir mes connaissances dans la grammaire du français et dans celle de l'italien, le choix de ce sujet a aussi une origine plus précise : lorsque j'ai voulu retravailler mon latin pour passer l'Agrégation d'italien, j'ai suivi des cours de latin à l'université de Strasbourg et j'ai utilisé une grammaire française du latin. J'ai alors noté qu'il y avait des termes de grammaire qui n'avaient pas du tout le même sens en italien et en français : notamment « attribut » et « attributo ». Ces deux langues se ressemblent vraiment beaucoup, et parfois l'on oublie qu'il s'agit de deux langues distinctes. Mon étonnement était aussi dû au fait que les dictionnaires bilingues n'avaient pas vu cette différence. Peut-être que dans d'autres domaines « attribut » et « attributo » sont équivalents ; mais, lorsqu'on a besoin de maîtriser avec précision ces mots en tant que termes techniques de la grammaire (comme c'est le cas quand on étudie le latin) il ne faut pas se laisser échapper qu'il y a une nette différence entre ces deux mots. Il y a aussi d'autres termes qui se ressemblent beaucoup d'une langue à l'autre, mais qui ne sont pas employés de la même façon : par exemple « phrase » et « frase ». Le mot italien est souvent employé comme terme de la grammaire pour désigner le même concept que désigne « phrase » ; mais il peut aussi être utilisé dans d'autres sens : pour désigner, dans un emploi non technique, une partie d'une phrase, quelque chose qui ressemble plus à une proposition ; d'ailleurs, souvent en italien nous employons « periodo » là où en français on emploie « phrase »: en particulier, pour faire une analyse syntaxique, pour étudier les rapports entre les propositions. Vivant en France depuis longtemps je sais, désormais, que ces mots qui se ressemblent beaucoup, ces mots qui sont parfois employés de la même façon, sont dangereux.
Parfois, en revanche, les termes utilisés en France n'ont pas, en italien, une forme semblable et qui leur corresponde, et ils laissent les Italiens un peu perdus : c'est le cas de « proposition complétive ». Bien que « proposizione completiva », en italien, existe, ce n'est pas aussi employé que des termes comme « proposizione oggettiva » ou « proposizione soggettiva », qui correspondent à des types de propositions complétives.
En plus, certains termes n'ont même pas d'équivalent en italien, parce que la grammaire italienne n'en a pas besoin et que normalement, pour étudier la grammaire française, en Italie on utilise la langue française  je pense à la distinction entre « sujet réel » et « sujet apparent ».
J'étais donc bien motivée à faire ce glossaire sur la grammaire ; c'est pourquoi je ne me suis pas laissée effrayer quand Monsieur Depecker m'a mise en garde contre les difficultés d'ordre théorique que j'allais rencontrer si vraiment je voulais travailler sur la grammaire. Au lieu de changer de sujet, j'ai essayé de me tenir strictement au conseil qu'il m'avait alors donné : me concentrer sur un seul auteur, un seul point de vue sur le sujet ; quant à la difficulté, j'ai considéré qu'il s'agissait d'un défi. Je me suis donc limitée à la grammaire de Maurice Grevisse, d'un côté parce elle très connue et très appréciée, de l'autre parce que c'est sur une grammaire de Grevisse que j'ai étudié (Maurice Grevisse et André Goosse, Nouvelle grammaire française, De Boeck, Bruxelles, 1995). J'ai parfois consulté aussi le Bon usage, mais j'ai pu constater qu'il n'y a pas de différences significatives. Cette limitation était d'ailleurs, pour moi, une simplification : je n'allais pas devoir chercher une bibliographie très large - sauf pour l'italien, où ma bibliographie est, en faite, plus riche.
Ces livres, d'ailleurs, ne m'ont pas déçue. Ce n'est pas pour rien que la grammaire de Grevisse est très appréciée : si elle décrit très bien les caractéristiques et les évolutions de la langue française, elle est aussi très systématique et offre souvent des définitions presque déjà faites. Mais cette flexibilité, ce souci de s'adapter aux idées nouvelles de la linguistique allait me donner des problèmes : parfois Grevisse propose de changer des classifications traditionnelles; dans ces cas, je ne pouvais espérer trouver un correspondant en italien. C'est le cas, par exemple, de la prise de position contre les concepts de « proposition indépendante », « proposition subordonnée » et « proposition principale » (Nouvelle grammaire française, op. cit., p. 73), qui sont tout simplement éliminés. Parfois la classification proposée par Grevisse n'a pas de correspondant à un niveau plus général, mais permet de trouver des équivalences lorsqu'on descend dans les termes plus spécifiques. Par exemple, je n'ai pas trouvé d'équivalent pour « proposition conjonctive », mais j'aurais pu facilement trouver des termes italiens pour traduire les différents types de proposition conjonctive ; malheureusement, cela aurait signifié approfondir nettement une partie de ce domaine, au profit d'une autre.

Les limites du domaine
J'avais, comme je l'ai expliqué, beaucoup de curiosités à satisfaire, beaucoup de points à éclaircir. J'ai essayé de limiter mon travail à une partie de la grammaire, mais cela était d'autant plus difficile que je n'arrivais pas à diviser nettement la grammaire en syntaxe et morphologie. D'ailleurs, dans ma classification en domaines et sous-domaines, j'ai parfois fini par ne pas attribuer certains termes à l'un ou l'autre sous-domaine, me limitant au domaine général. Je ne sais pas si cette difficulté est due à une incompréhension de ma part ou à la grammaire de Grevisse ou encore à la grammaire elle-même. Quoi qu'il en soit, j'ai décidé que le domaine de mon travail allait être la grammaire dans ses aspects les plus généraux, et j'ai donc dû souvent me limiter dans le choix des termes à traiter. J'ai bien réussi à couvrir quelques-uns des points problématiques qui m'avaient poussée vers ce sujet, comme la différence entre « attribut » et « attributo », mais je n'ai pu travailler sur d'autres termes, comme « proposition complétive ». Cette limitation de mon étude aux concepts les plus généraux m'a parfois créé des problèmes, parce que la correspondance était plus facile à trouver dans les termes les plus spécifiques.

Les difficultés rencontrées et la démarche suivie
Effectivement, comme cela m'avait été prédit, nombreuses sont les difficultés auxquelles j'ai dû faire face pour réaliser ce glossaire. Dans le cas le plus simple, je me suis basée sur les principes qui nous avaient été appris pendant le cours de terminologie. Par exemple, j'ai souvent laissé un terme français sans équivalent italien, chaque fois que je ne trouvais pas un terme adapté.
Mais j'ai aussi rencontré des problèmes plus difficiles à résoudre. Parmi les termes choisis, certains ne peuvent être vraiment définis qu'au prix d'acrobaties linguistiques, en flirtant avec le risque de la circularité (voir : « sujet » et « prédicat ») ; d'autres sont définis d'une manière qui peut paraître vague (par exemple : « phrase ») ou qui ressemble à une liste (voir « verbe »). Pour des mots comme ceux que je viens d'évoquer, on préfère normalement en montrer l'usage que les définir ; on serait presque tenté de les considérer comme des concepts au-delà desquels il n'est pas possible d'expliquer. Mais la solution de Grevisse a été d'essayer de définir aussi ces termes fondamentaux ; je l'ai suivi, mais je voudrais demander au lecteur de ne pas être trop exigeant avec ces définitions, et d'apprécier d'abord ce qu'elles osent faire.
Pour d'autres mots, une partie de la définition était facile, celle qui précisait, qui donnait le spécifique du terme ; mais il pouvait être très difficile de trouver le point de départ de la définition : ce que l'on appelle le « définisseur ». Voici des exemples : « mode du verbe », « temps du verbe » et « aspect du verbe » ont-ils le même définisseur initial ? L'« ellipse » et la « redondance » sont-elles des phénomènes ou des faits ? Même si le travail de Grevisse est très systématique et fait un large usage des définitions, dans les cas les plus désespérés le définisseur initial est évité (voir, par exemple, « mode du verbe »). Dans ces rares cas, j'ai essayé d'utiliser des définisseurs qui étaient employés pour d'autres termes, ou, mais dans un cas seulement, j'ai utilisé le dictionnaire Le Petit Robert.
Il y eu aussi quelques problèmes encore plus sérieux. Bien que très systématique, dans deux cas la présentation de Grevisse m'a laissée avec un vide à remplir ; un concept dont on ne fait pas mention (et qui n'a donc pas de désignation) mais qui découle des relations entre d'autres concepts. J'ai décidé de ne pas laisser vides ces places. J'ai alors introduit des unités terminologiques qui sont forcément un peu maladroites (parce que ce sont des descriptions), mais qui permettent aux autres unités terminologiques d'être mieux comprises et aux système d'être cohérent. Voici de quoi il s'agit : « sujet de verbe personnel », « sujet de verbe impersonnel » et « phrase ni simple ni complexe ». Les deux premières unités terminologiques servent à expliquer les relations existantes entre « sujet », « sujet apparent » et « sujet réel », telles qu'elles sont présentées dans la formulation de Grevisse. En fait, le sujet d'un verbe personnel réuni les deux fonctions (de sujet réel et de sujet apparent) qui sont, au contraire, séparées dans le sujet d'un verbe impersonnel. Ensuite, « sujet » devenait un terme encore plus général, qui se spécifiait selon le type de verbe utilisé (personnel ou impersonnel). Le nouveau type de phrase, en revanche, a dû être introduit parce que Grevisse tient clairement à délimiter le sens de « phrase complexe » pour en exclure certains types de phrases (celles construites par coordination ou par insertion d'une phrase incidente) qui, traditionnellement, étaient considérées comme des phrases complexes. Je n'ai donc pas trahi cette Suvre, en introduisant ces unités terminologiques ; au contraire, j'ai essayé de la respecter, au prix, parfois, d'une complication de ma tâche.

Les difficultés restées irrésolues
Certains points restent à éclaircir : le domaine était trop vaste pour un seul mémoire. D'autres problèmes, en revanche, sont nés de ce mémoire, comme ceux dont je viens de parler. Enfin, j'aimerais donner un avis tout à fait personnel sur l'organisation de ce glossaire terminologique : nous sommes orientés, guidés vers un travail organisé de sorte à nous fournir toutes les garanties d'être clair, précis, détaillé et correspondant à l'usage des experts d'un domaine défini. Pourquoi, alors, toutes ces observations techniques, tous ces détails se limitent-ils au terme de départ? Il est vrai que le terme dans la langue de départ doit être suffisamment clair et défini ; mais parfois il correspond, dans une autre langue, à un terme qui a besoin d'être ultérieurement défini. C'était le cas, pour moi, de « phrase » : il a deux traductions possibles en italien, que j'ai données. Mais j'aurais voulu avoir un champ où pouvoir expliquer les différences entre ces deux termes, ainsi que les spécificités de leur utilisation.
Néanmoins, ce travail m'a permis d'éclaircir beaucoup de points délicats ; l'application des principes de la terminologie aux formulations de Grevisse, qui étaient déjà très explicites et presque définitoires, m'a amenée à faire quelque chose que je pensais impossible : donner une définition de termes tels que « sujet » et « prédicat », « mot », et « phrase »; des termes que nous utilisons tous, mais qui échappent à une définition facile.

Ciblage du mémoire
Ce travail s'adresse à tous ceux qui sont curieux de trouver ce type de définitions ; il est également offert à ceux qui apprécient la grammaire de Grevisse et se demandent jusqu'où il a pu aller dans la construction systématique; il sera aussi apprécié, peut-être, par ceux qui, comme moi, ont depuis longtemps des doutes sur la traduction en italien de certains mots sur lesquels les bilingues s'expriment, mais mal.


BIBLIOGRAPHIE

La problématique de départ
et les raisons qui expliquent mon corpus
Tout le monde sait ce qu'est la grammaire. Certains la haïssent, beaucoup la supportent en l'étudiant à l'école ; rares sont ceux qui l'aiment et encore plus rares ceux qui la connaissent à fond et la cultivent. Je ne fais pas partie de ces derniers, mais je dois dire que je l'aime et qu'elle ne m'est plus du tout hostile depuis que j'ai découvert que c'était le meilleur moyen, pour moi qui suis italienne, de m'emparer du français. J'ai suivi, pendant longtemps, des cours de grammaire et d'orthographe conçus non pas pour les étrangers, mais pour les Français qui désirent bien maîtriser leur langue. Ce n'était plus la grammaire qui m'avait été enseignée à l'école : j'étais plus mûre, l'enseignante était très compétente et la matière me paraissait, enfin, utile. J'ai regretté alors de ne pas avoir, en italien, les mêmes connaissances que je commençais à avoir en français. J'ai alors essayé de me procurer quelques livres de grammaire italienne pour me documenter ; ces connaissances en grammaire italienne allaient se rendre d'autant plus nécessaires que, depuis quelques années, je cherche à enseigner la langue italienne.
En plus de ce désir d'approfondir mes connaissances dans la grammaire du français et dans celle de l'italien, le choix de ce sujet a aussi une origine plus précise : lorsque j'ai voulu retravailler mon latin pour passer l'Agrégation d'italien, j'ai suivi des cours de latin à l'université de Strasbourg et j'ai utilisé une grammaire française du latin. J'ai alors noté qu'il y avait des termes de grammaire qui n'avaient pas du tout le même sens en italien et en français : notamment « attribut » et « attributo ». Ces deux langues se ressemblent vraiment beaucoup, et parfois l'on oublie qu'il s'agit de deux langues distinctes. Mon étonnement était aussi dû au fait que les dictionnaires bilingues n'avaient pas vu cette différence. Peut-être que dans d'autres domaines « attribut » et « attributo » sont équivalents ; mais, lorsqu'on a besoin de maîtriser avec précision ces mots en tant que termes techniques de la grammaire (comme c'est le cas quand on étudie le latin) il ne faut pas se laisser échapper qu'il y a une nette différence entre ces deux mots. Il y a aussi d'autres termes qui se ressemblent beaucoup d'une langue à l'autre, mais qui ne sont pas employés de la même façon : par exemple « phrase » et « frase ». Le mot italien est souvent employé comme terme de la grammaire pour désigner le même concept que désigne « phrase » ; mais il peut aussi être utilisé dans d'autres sens : pour désigner, dans un emploi non technique, une partie d'une phrase, quelque chose qui ressemble plus à une proposition ; d'ailleurs, souvent en italien nous employons « periodo » là où en français on emploie « phrase »: en particulier, pour faire une analyse syntaxique, pour étudier les rapports entre les propositions. Vivant en France depuis longtemps je sais, désormais, que ces mots qui se ressemblent beaucoup, ces mots qui sont parfois employés de la même façon, sont dangereux.
Parfois, en revanche, les termes utilisés en France n'ont pas, en italien, une forme semblable et qui leur corresponde, et ils laissent les Italiens un peu perdus : c'est le cas de « proposition complétive ». Bien que « proposizione completiva », en italien, existe, ce n'est pas aussi employé que des termes comme « proposizione oggettiva » ou « proposizione soggettiva », qui correspondent à des types de propositions complétives.
En plus, certains termes n'ont même pas d'équivalent en italien, parce que la grammaire italienne n'en a pas besoin et que normalement, pour étudier la grammaire française, en Italie on utilise la langue française  je pense à la distinction entre « sujet réel » et « sujet apparent ».
J'étais donc bien motivée à faire ce glossaire sur la grammaire ; c'est pourquoi je ne me suis pas laissée effrayer quand Monsieur Depecker m'a mise en garde contre les difficultés d'ordre théorique que j'allais rencontrer si vraiment je voulais travailler sur la grammaire. Au lieu de changer de sujet, j'ai essayé de me tenir strictement au conseil qu'il m'avait alors donné : me concentrer sur un seul auteur, un seul point de vue sur le sujet ; quant à la difficulté, j'ai considéré qu'il s'agissait d'un défi. Je me suis donc limitée à la grammaire de Maurice Grevisse, d'un côté parce elle très connue et très appréciée, de l'autre parce que c'est sur une grammaire de Grevisse que j'ai étudié (Maurice Grevisse et André Goosse, Nouvelle grammaire française, De Boeck, Bruxelles, 1995). J'ai parfois consulté aussi le Bon usage, mais j'ai pu constater qu'il n'y a pas de différences significatives. Cette limitation était d'ailleurs, pour moi, une simplification : je n'allais pas devoir chercher une bibliographie très large - sauf pour l'italien, où ma bibliographie est, en faite, plus riche.
Ces livres, d'ailleurs, ne m'ont pas déçue. Ce n'est pas pour rien que la grammaire de Grevisse est très appréciée : si elle décrit très bien les caractéristiques et les évolutions de la langue française, elle est aussi très systématique et offre souvent des définitions presque déjà faites. Mais cette flexibilité, ce souci de s'adapter aux idées nouvelles de la linguistique allait me donner des problèmes : parfois Grevisse propose de changer des classifications traditionnelles; dans ces cas, je ne pouvais espérer trouver un correspondant en italien. C'est le cas, par exemple, de la prise de position contre les concepts de « proposition indépendante », « proposition subordonnée » et « proposition principale » (Nouvelle grammaire française, op. cit., p. 73), qui sont tout simplement éliminés. Parfois la classification proposée par Grevisse n'a pas de correspondant à un niveau plus général, mais permet de trouver des équivalences lorsqu'on descend dans les termes plus spécifiques. Par exemple, je n'ai pas trouvé d'équivalent pour « proposition conjonctive », mais j'aurais pu facilement trouver des termes italiens pour traduire les différents types de proposition conjonctive ; malheureusement, cela aurait signifié approfondir nettement une partie de ce domaine, au profit d'une autre.

Les limites du domaine
J'avais, comme je l'ai expliqué, beaucoup de curiosités à satisfaire, beaucoup de points à éclaircir. J'ai essayé de limiter mon travail à une partie de la grammaire, mais cela était d'autant plus difficile que je n'arrivais pas à diviser nettement la grammaire en syntaxe et morphologie. D'ailleurs, dans ma classification en domaines et sous-domaines, j'ai parfois fini par ne pas attribuer certains termes à l'un ou l'autre sous-domaine, me limitant au domaine général. Je ne sais pas si cette difficulté est due à une incompréhension de ma part ou à la grammaire de Grevisse ou encore à la grammaire elle-même. Quoi qu'il en soit, j'ai décidé que le domaine de mon travail allait être la grammaire dans ses aspects les plus généraux, et j'ai donc dû souvent me limiter dans le choix des termes à traiter. J'ai bien réussi à couvrir quelques-uns des points problématiques qui m'avaient poussée vers ce sujet, comme la différence entre « attribut » et « attributo », mais je n'ai pu travailler sur d'autres termes, comme « proposition complétive ». Cette limitation de mon étude aux concepts les plus généraux m'a parfois créé des problèmes, parce que la correspondance était plus facile à trouver dans les termes les plus spécifiques.

Les difficultés rencontrées et la démarche suivie
Effectivement, comme cela m'avait été prédit, nombreuses sont les difficultés auxquelles j'ai dû faire face pour réaliser ce glossaire. Dans le cas le plus simple, je me suis basée sur les principes qui nous avaient été appris pendant le cours de terminologie. Par exemple, j'ai souvent laissé un terme français sans équivalent italien, chaque fois que je ne trouvais pas un terme adapté.
Mais j'ai aussi rencontré des problèmes plus difficiles à résoudre. Parmi les termes choisis, certains ne peuvent être vraiment définis qu'au prix d'acrobaties linguistiques, en flirtant avec le risque de la circularité (voir : « sujet » et « prédicat ») ; d'autres sont définis d'une manière qui peut paraître vague (par exemple : « phrase ») ou qui ressemble à une liste (voir « verbe »). Pour des mots comme ceux que je viens d'évoquer, on préfère normalement en montrer l'usage que les définir ; on serait presque tenté de les considérer comme des concepts au-delà desquels il n'est pas possible d'expliquer. Mais la solution de Grevisse a été d'essayer de définir aussi ces termes fondamentaux ; je l'ai suivi, mais je voudrais demander au lecteur de ne pas être trop exigeant avec ces définitions, et d'apprécier d'abord ce qu'elles osent faire.
Pour d'autres mots, une partie de la définition était facile, celle qui précisait, qui donnait le spécifique du terme ; mais il pouvait être très difficile de trouver le point de départ de la définition : ce que l'on appelle le « définisseur ». Voici des exemples : « mode du verbe », « temps du verbe » et « aspect du verbe » ont-ils le même définisseur initial ? L'« ellipse » et la « redondance » sont-elles des phénomènes ou des faits ? Même si le travail de Grevisse est très systématique et fait un large usage des définitions, dans les cas les plus désespérés le définisseur initial est évité (voir, par exemple, « mode du verbe »). Dans ces rares cas, j'ai essayé d'utiliser des définisseurs qui étaient employés pour d'autres termes, ou, mais dans un cas seulement, j'ai utilisé le dictionnaire Le Petit Robert.
Il y eu aussi quelques problèmes encore plus sérieux. Bien que très systématique, dans deux cas la présentation de Grevisse m'a laissée avec un vide à remplir ; un concept dont on ne fait pas mention (et qui n'a donc pas de désignation) mais qui découle des relations entre d'autres concepts. J'ai décidé de ne pas laisser vides ces places. J'ai alors introduit des unités terminologiques qui sont forcément un peu maladroites (parce que ce sont des descriptions), mais qui permettent aux autres unités terminologiques d'être mieux comprises et aux système d'être cohérent. Voici de quoi il s'agit : « sujet de verbe personnel », « sujet de verbe impersonnel » et « phrase ni simple ni complexe ». Les deux premières unités terminologiques servent à expliquer les relations existantes entre « sujet », « sujet apparent » et « sujet réel », telles qu'elles sont présentées dans la formulation de Grevisse. En fait, le sujet d'un verbe personnel réuni les deux fonctions (de sujet réel et de sujet apparent) qui sont, au contraire, séparées dans le sujet d'un verbe impersonnel. Ensuite, « sujet » devenait un terme encore plus général, qui se spécifiait selon le type de verbe utilisé (personnel ou impersonnel). Le nouveau type de phrase, en revanche, a dû être introduit parce que Grevisse tient clairement à délimiter le sens de « phrase complexe » pour en exclure certains types de phrases (celles construites par coordination ou par insertion d'une phrase incidente) qui, traditionnellement, étaient considérées comme des phrases complexes. Je n'ai donc pas trahi cette Suvre, en introduisant ces unités terminologiques ; au contraire, j'ai essayé de la respecter, au prix, parfois, d'une complication de ma tâche.

Les difficultés restées irrésolues
Certains points restent à éclaircir : le domaine était trop vaste pour un seul mémoire. D'autres problèmes, en revanche, sont nés de ce mémoire, comme ceux dont je viens de parler. Enfin, j'aimerais donner un avis tout à fait personnel sur l'organisation de ce glossaire terminologique : nous sommes orientés, guidés vers un travail organisé de sorte à nous fournir toutes les garanties d'être clair, précis, détaillé et correspondant à l'usage des experts d'un domaine défini. Pourquoi, alors, toutes ces observations techniques, tous ces détails se limitent-ils au terme de départ? Il est vrai que le terme dans la langue de départ doit être suffisamment clair et défini ; mais parfois il correspond, dans une autre langue, à un terme qui a besoin d'être ultérieurement défini. C'était le cas, pour moi, de « phrase » : il a deux traductions possibles en italien, que j'ai données. Mais j'aurais voulu avoir un champ où pouvoir expliquer les différences entre ces deux termes, ainsi que les spécificités de leur utilisation.
Néanmoins, ce travail m'a permis d'éclaircir beaucoup de points délicats ; l'application des principes de la terminologie aux formulations de Grevisse, qui étaient déjà très explicites et presque définitoires, m'a amenée à faire quelque chose que je pensais impossible : donner une définition de termes tels que « sujet » et « prédicat », « mot », et « phrase »; des termes que nous utilisons tous, mais qui échappent à une définition facile.

Ciblage du mémoire
Ce travail s'adresse à tous ceux qui sont curieux de trouver ce type de définitions ; il est également offert à ceux qui apprécient la grammaire de Grevisse et se demandent jusqu'où il a pu aller dans la construction systématique; il sera aussi apprécié, peut-être, par ceux qui, comme moi, ont depuis longtemps des doutes sur la traduction en italien de certains mots sur lesquels les bilingues s'expriment, mais mal.

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